Selon TechCrunch (Lorenzo Franceschi-Bicchierai), l’agence américaine ICE a réactivé un contrat de 2 M$ signé en 2024 avec le fabricant israélien de spyware Paragon, en levant le stop work order imposé dans le cadre de l’examen d’un décret exécutif limitant l’usage gouvernemental de logiciels espions susceptibles de violer les droits humains ou de cibler des Américains à l’étranger. La mise à jour, datée du 30 août dans le Federal Procurement Data System, précise que la modification « lève le stop work order ». Le journaliste indépendant Jack Poulson a été le premier à signaler l’information.
Paragon cultive l’image d’un fournisseur « éthique », affirmant proposer des outils « fondés sur l’éthique » et, selon son président exécutif en février, vendre uniquement au gouvernement américain et à des pays alliés non nommés. Sollicités, la porte-parole Emily Horne et John Fleming n’ont pas répondu à TechCrunch. Le contrat activé concerne une solution propriétaire « entièrement configurée » incluant licences, matériel, garantie, maintenance et formation.
Contexte des controverses: en janvier, WhatsApp a révélé qu’environ 90 utilisateurs — dont des journalistes et des défenseurs des droits humains — avaient été visés par le spyware Graphite de Paragon. Dans la foulée, le journaliste italien Francesco Cancellato et des militants pro-immigration locaux ont affirmé faire partie des victimes. Paragon a alors rompu ses liens avec le gouvernement italien, qui avait ouvert une enquête. En juin, le Citizen Lab a confirmé que deux autres journalistes (un Européen non nommé et un collègue de Cancellato) avaient été piratés avec Graphite. Une commission parlementaire italienne a conclu que la surveillance de militants pro-immigration était légale, tout en affirmant ne pas avoir de preuve que les services de renseignement italiens — anciens clients de Paragon — aient ciblé Cancellato.
John Scott-Railton (Citizen Lab) estime que « ces outils ont été conçus pour des dictatures, pas des démocraties » et que le spyware est « corrupteur », citant une accumulation de scandales dans des démocraties, « y compris avec Graphite de Paragon », et accusant l’entreprise de protéger des abuseurs, évoquant les piratages d’« journalistes italiens » restés sans explication publique.
En toile de fond, l’ICE — dont les déportations massives et les pouvoirs de surveillance se sont accrus depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche — devient un client actif potentiel de Paragon. Il s’agit d’un article de presse spécialisé visant à exposer l’activation du contrat ICE–Paragon et les enjeux éthiques et réglementaires autour de l’usage de logiciels espions par des gouvernements.
🔗 Source originale : https://techcrunch.com/2025/09/02/ice-reactivates-contract-with-spyware-maker-paragon