Une affaire inédite de cybercriminalité transfrontalière
À Lyon, un procès hors norme s’est ouvert le 16 juin 2025 : 14 jeunes hackers et escrocs y sont jugés pour leur rôle dans une cyberattaque massive contre le groupe suisse Adecco, leader mondial du travail temporaire.
L’affaire remonte à novembre 2022, lorsqu’une agence Adecco près de Lyon découvre un piratage. Plusieurs intérimaires signalent alors des salaires anormalement bas, ce qui alerte l’entreprise. La source ? Un stagiaire de 19 ans qui aurait mis en vente ses identifiants d’accès sur le darkweb pour 15'000 euros – qu’il n’a jamais reçus.
Un préjudice massif : plus de 72'000 victimes
Avec ces identifiants, le réseau a mené des prélèvements frauduleux de faibles montants (inférieurs aux seuils de contrôle) sur les comptes de milliers de travailleurs temporaires. D’autres méthodes incluent la falsification de documents et des demandes frauduleuses d’aides publiques (ex. chèques-vacances).
Parmi les victimes figurent :
- des particuliers,
- des banques et assurances,
- et même la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui aurait versé 1,9 million d’euros à des sociétés fictives.
Le préjudice total dépasse 3,5 millions d’euros, avec plus de 2400 parties civiles.
Un réseau dirigé par un « prodige » devenu cybercriminel
Le principal accusé, aujourd’hui âgé de 22 ans, est décrit comme un « génie informatique » tombé dans l’escalade ». Il aurait commencé dès l’âge de 17 ans à rechercher des failles, et recruté autour de lui un réseau informel de jeunes hackers, dont certains étaient mineurs à l’époque des faits.
Il a déclaré vouloir « tourner la page », mais reste en détention provisoire en raison d’un risque de fuite et d’intimidation de témoins.
Une rupture dans les schémas traditionnels du cybercrime
Fait notable, selon une avocate de victimes : pour la première fois, des cybercriminels français ont eux-mêmes revendu des bases de données dans le darkweb, habituellement dominé par des groupes russes. Elle évoque ironiquement « nos propres Russes ».
⏳ Le procès devrait durer deux semaines. Deux prévenus mineurs seront jugés séparément devant le tribunal pour enfants.
Sources : Watson.ch (16.06.2025), agences sda/awp/afp.